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« Faire tomber les clichés sur l’élevage »

L'entreprise Sanders veut communiquer de manière vraie et positive sur l'élevage, afin de déjouer les clichés répandus.

Pour le directeur de l’entreprise Sanders, il existe un véritable enjeu de communication autour de l’élevage, afin de transmettre le goût de ces métiers de passion, sans pour autant dissimuler les contraintes bien réelles.

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« Ce n’était pas mieux avant », soutient Philippe Manry, petit-fils d’éleveur, devenu aujourd’hui le directeur général de l’entreprise Sanders. « Je pense qu’il faut être optimiste, c’est essentiel », affirme-t-il face aux vagues de pessimismes qui touchent souvent l’élevage.

À l’occasion d’une table-ronde organisée le 22 janvier 2025 à Paris, le directeur de Sanders, filiale de nutrition animale du groupe Avril, a souhaité prendre le contre-pied de ce qui est souvent dit et entendu sur les filières d’élevage. « Il faut faire tomber les clichés », explique-t-il. Une position partagée par Soazig Di Bianco, agronome et sociologue, qui participait également aux échanges, en soulignant la diversité des raisons qui conduisent à choisir le métier d’éleveur.

Confiant sur l’avenir des filières d’élevage, le directeur de Sanders a insisté sur le « véritable enjeu de communication autour de l’élevage, de façon claire et vraie ». Son entreprise sera notamment présente au Salon de l’agriculture avec un format original pour déjouer certains clichés.

Du théâtre pour déjouer les clichés

Dans les prochaines semaines, le monde agricole sera fortement attendu au Salon international de l’agriculture qui se tient à Paris du 22 février au 2 mars 2025. Depuis trois ans, l’entreprise Sanders se rend au salon dans l’objectif de faire connaître l’élevage. Elle entreprend un format original pour cette l'édition de 2025 : une troupe de théâtre va jouer plusieurs saynètes représentant différents « clichés » sur l’élevage, afin de communiquer dans l’humour et la positivité.

« Le salon est une très belle tribune pour défendre l’élevage, et nous avons un gros rôle dans la communication sur le métier, pour dire la vraie réalité, faire tomber les idées reçues. Les gens sont ouverts en venant au Salon de l’agriculture et dans une posture d’écoute », explique Philippe Mantry, qui espère « convaincre quelques centaines de personnes grâce à ces saynètes ». « Soyons positifs, sans pour autant tout peindre en rose », conseille-t-il.

Relativiser le métier d’éleveur

« Aujourd’hui, c’est un métier choisi quand on devient éleveur, alors qu’auparavant il s’agissait souvent d’un métier subi, déclare Philippe Manry. C’est un métier où l’on peut vivre de sa passion, et c’est un bel objectif de carrière. »

« Il ne faut pas minimiser les difficultés, intervient à son tour Soazig Di Bianco. Certains coûts d’investissement sont très importants, les contraintes du métier sont réelles, et le poids des pressions et des normes fait parfois peur. Oui, l’élevage reste un métier de passion, qui offre la possibilité d’être son propre patron, mais le métier est parfois mis à rude épreuve. Il faut le relativiser. »

« Certains éleveurs donnent du sens à leur métier pour d’autres raisons, ajoute la sociologue. Un moyen d’articuler leur vie personnelle et professionnelle, un cadre de vie rural, ou encore la fierté de récupérer un héritage familial. Ces raisons doivent aussi être dites et reconnues. »

Pour Philippe Manry, la modernisation va continuer de contribuer à diminuer la pénibilité physique et les astreintes souvent inhérentes au métier. Quant au sujet de la décarbonation, il est à prendre « comme un levier de progrès plutôt qu’une contrainte », selon lui. Par ailleurs, l’évolution et la féminisation du métier sont une « grande source de diversification et d’innovation » pour les filières.

Devenir un facilitateur de transmission

Dans cette perspective, le renouvellement des générations reste un enjeu majeur pour l’avenir de la production animale. « Aucun doute, les vocations en agriculture et en élevage sont encore très présentes », affirme Soazig Di Bianco, qui officie en tant qu’enseignante-chercheuse à l’École supérieure d’agriculture d’Angers. D’ores et déjà, les exploitations évoluent vers de plus grande taille et des formes davantage collectives, constate-t-elle. Le défi consiste aussi à accompagner ces agriculteurs devenus véritables chefs d’entreprise, tout autant que la grande diversité des profils de porteurs de projets.

Un rôle auquel une entreprise comme Sanders doit pouvoir contribuer, ajoute son directeur. Il faut pouvoir amener des solutions, et pourquoi pas se positionner en « facilitateur dans le processus de transmission, par une connaissance privilégiée des cédants sur le terrain, de leur modèle d’élevage, et des repreneurs ». « C’est une transmission entre deux projets de vie, celui qui arrête, et celui qui reprend », souligne-t-il. Les repreneurs auront également besoin d’être accompagnés et assurés sur leurs débouchés.

Quant aux attentes émergentes des éleveurs pour aujourd’hui et le futur, elles sont déjà nombreuses : « Développer des capacités de gestion, piloter une entreprise, fidéliser sa main-d’œuvre, penser à la carrière de ses salariés », cite pour exemple Soazig Di Bianco. Le métier n'a de cesse de se confronter à de nouveaux challenges, résume-t-elle.

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